Geologie de challes les eaux
Geologie de challes les eaux

Géologie et relief de Challes les Eaux

Aperçu de la géologie et du Relief de Challes-les-Eaux

Challes-les-Eaux fait partie des plus petites communes de la région en termes de superficie. Sa position géographique est privilégiée : elle se trouve au cœur de la “Trouée des Marches”, entourée de plusieurs sommets emblématiques comme le mont Saint-Michel, le Peney et le Granier. Son altitude varie d’environ 290 à 720 mètres, offrant ainsi un relief diversifié qui attire promeneurs et randonneurs.

  • Point le plus haut : 720 mètres, à proximité du sommet du mont Saint-Michel, non loin des deux chapelles marquant la frontière avec Curienne.
  • Point le plus bas : 290 mètres, localisé du côté de l’aérodrome et du plan d’eau.
  • Altitude du chef-lieu : Environ 310 mètres, idéalement situé pour rayonner entre plaine et montagne.

Cette situation géographique confère à Challes-les-Eaux une richesse naturelle remarquable. Mais c’est surtout son sous-sol qui suscite l’intérêt, notamment grâce à sa précieuse eau minérale sulfureuse.


Contexte Géologique : À la Croisée des Formations

Le sous-sol de Challes-les-Eaux est complexe et résulte de l’accumulation de différentes strates sédimentaires au fil des ères géologiques. Les formations identifiées vont du Trias à des dépôts plus récents, en passant par le Jurassique (Lias, Dogger) et le Crétacé. Cependant, plusieurs modèles géologiques proposés pour expliquer la composition et la circulation de l’eau minérale se heurtent à deux contradictions majeures :

  1. Le faciès triasique de l’eau, alors que les couches du Trias sont supposées se situer à grande profondeur (plus de 1000 mètres).
  2. Une circulation profonde de l’eau (telle que suggérée par certains chercheurs), alors que sa température reste basse, ce qui laisserait supposer un trajet moins profond.

Ces contradictions montrent qu’il reste encore des zones d’ombre dans la compréhension précise du réservoir aquifère local.


Le Rôle des Failles : Entre Bellevarde et Camelot

Faille de Bellevarde

La faille de Bellevarde est une structure géologique majeure dans la région de Challes-les-Eaux. Selon certains modèles, elle agirait à la fois comme un écran empêchant la remontée d’eaux “normales” et comme un drain permettant un parcours nord-sud de l’eau sur près de 300 mètres de dénivelé. On lui attribue parfois aussi le rôle de faciliter la remontée indépendante des eaux minérales.
Cependant, cette double fonction paraît complexe à justifier : si la faille bloque l’eau d’un côté, peut-elle réellement la laisser remonter de l’autre ? C’est l’une des questions-clés qui restent en suspens.

Faille de Camelot

La faille de Camelot, quant à elle, pourrait atteindre le Trias et donc jouer un rôle déterminant dans la circulation de l’eau profonde. Située au sein d’un anticlinal (appelé anticlinal de la Roche), elle se prolonge vers le sud et montrerait un pendage à l’ouest dans sa partie nord. Certaines études indiquent même qu’elle pourrait être localement chevauchante par rapport au compartiment du mont Saint-Michel.

Dans ce contexte, la faille de Camelot est soupçonnée d’agir comme un canal souterrain : l’eau de pluie ou de fonte s’infiltrerait en altitude, plongerait dans les failles où elle entrerait en contact avec les strates triasiques, puis remonterait dans la plaine de Challes-les-Eaux sous forme d’eau minérale sulfurée.


Le Relief du Mont Saint-Michel et la Profondeur du Trias

Le mont Saint-Michel culmine à 720 mètres et présente des calcaires du Kimméridgien supérieur et du Portlandien, avec un pendage marqué (environ 45°) vers l’ouest. À son pied se trouve une zone très tectonisée, avec notamment cette fameuse faille de Bellevarde. Pourtant, rien n’indique clairement que l’eau de Challes-les-Eaux provient de ce secteur. En effet :

  • Les couches triasiques apparaissent vraisemblablement bien plus en profondeur (plus de 500 mètres).
  • La basse température de l’eau indique un trajet souterrain qui pourrait être moins profond, plus proche du cœur de l’anticlinal de la Roche.

De nombreuses observations rapportent plutôt des pendages vers l’est au pied du mont Saint-Michel, ce qui dessine un anticlinal d’axe nord-sud. Dans ce dernier, la faille de Camelot se prolonge et donnerait accès à des circulations d’eau minérale provenant de formations triasiques plus rapprochées que ne le suggèrent certains modèles classiques.


Hypothèse Majeure : Une Alimentation Vers le Grand Joueret

Certains spécialistes, dont le géologue B. Doudoux, ont suggéré que l’alimentation de la source de Challes-les-Eaux pourrait se situer dans le secteur du Grand Joueret, voire dans la partie amont des gorges de Camelot. Dans cette hypothèse :

  1. L’eau de pluie ou de fonte s’infiltre dans les hauteurs.
  2. Les failles (notamment la faille de Camelot) la mettent en contact avec les formations triasiques.
  3. L’eau ressurgit à Challes-les-Eaux grâce à un drainage transversal, favorisé par un anticlinal relativement “accessible”.

Ainsi, le Trias ne serait pas nécessairement à plus de 1000 mètres sous la surface dans toute la région. Des études de terrain, incluant des mesures d’épaisseur des couches sédimentaires, laissent penser qu’il pourrait être situé à moins de 800 mètres à certains endroits. Cette distance réduite rend alors plausible la faible température de l’eau, puisqu’elle ne séjournerait pas dans les profondeurs extrêmes.


Circulations Souterraines et Hypothèse de Gisement

Même si l’on admet que l’eau s’infiltre dans la zone du Grand Joueret avant de ressortir à Challes-les-Eaux, la question d’un éventuel gisement plus vaste reste ouverte. La présence de la “source Reine du Soufre” et d’autres venues minérales dans la nappe alluviale suggère qu’il pourrait exister un trop-plein ou un système plus étendu :

  • Au sud de la plaine de Challes : la campagne de mesure du radon du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) a mis en évidence des anomalies dans le quartier de Pré Carré, laissant penser à la prolongation possible de la zone de fractures en direction du sud.
  • Source de la Boisserette : située au flanc sud-est du mont Saint-Michel, elle présente elle aussi un faciès triasique, renforçant l’idée qu’un circuit profond comparable existe de ce côté.

En d’autres termes, le réseau de failles Camelot et Boisserette pourrait alimenter un aquifère fissuré sous la plaine, captif sous les alluvions fluvio-glaciaires. Le secteur de Triviers-St Jeoire, où ces failles convergent, pourrait être fortement fracturé, offrant un réservoir souterrain plus large que la seule zone immédiate des thermes de Challes-les-Eaux.


Vers une Meilleure Compréhension de l’Eau Minérale de Challes-les-Eaux

Malgré les incertitudes, les indices se recoupent pour souligner plusieurs points importants :

  1. Proximité du Trias : Les données de terrain et les cartes géologiques indiquent que le Trias n’est pas uniforme et peut être beaucoup moins profond qu’on ne le pensait initialement.
  2. Réseau de failles : Les failles de Camelot, de Bellevarde ou encore de Boisserette jouent un rôle majeur dans la collecte et la remontée de l’eau.
  3. Anticlinal de la Roche : Il constitue vraisemblablement la clé de voûte du système, favorisant la circulation de l’eau minérale vers la surface.
  4. Température basse de l’eau : Elle confirme l’idée d’un trajet souterrain pas trop profond.

Pour valider ou affiner ces hypothèses, des forages supplémentaires et des études géophysiques plus poussées permettraient d’éclaircir la répartition exacte des fractures et la cartographie précise du Trias.


Géologie de Challes Les eaux : Un Patrimoine Souterrain à Préserver

La géologie et le relief de Challes-les-Eaux constituent un patrimoine naturel exceptionnel. Entre ses altitudes variées, ses failles multiples et la présence d’une eau minérale aux propriétés singulières, la commune attire autant les visiteurs curieux que les experts en hydrogéologie. Les contradictions apparentes sur l’origine de cette eau sulfureuse rappellent que la nature n’a pas encore livré tous ses secrets.

Qu’il s’agisse de la faille de Bellevarde, de la faille de Camelot ou de ces mystérieux réservoirs triasiques plus proches de la surface qu’on ne l’avait cru, l’histoire géologique de Challes-les-Eaux reste passionnante et en partie à écrire. D’éventuelles études à venir, associées à la préservation rigoureuse de ce milieu fragile, pourraient bien nous dévoiler, dans les prochaines années, toute la complexité de ce réseau souterrain. Une chose est sûre : derrière la quiétude des paysages savoyards se cache un véritable trésor hydrogéologique, dont la source sulfureuse est la plus belle vitrine.

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